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Interview croisée – la cybersécurité

Suite à leur participation conjointe à notre dernière rencontre business « Nouveaux marchés » dédiée à la cybersécurité le 19 avril 2017, nous avons souhaité poser quelques questions à Olivier Ligneul, CTO du groupe EDF, et à Thierry Rouquet, CEO de SENTRYO. L’occasion pour eux de revenir sur les enjeux industriels de la cybersécurité, pour un grand groupe ou une PME, et sur les raisons de leur participation à notre rencontre business.

 

  • Quels sont les principaux enjeux cybersécurité pour les entreprises françaises ?

Olivier Ligneul : Le niveau de menace augmente au fil des années. Le Club des Expert de la Sécurité de l’Informatique et de la sécurité (CESIN) dont je suis le vice-président a publié son baromètre annuel récemment. Il indiquait que le nombre de cyber-attaques constatées est en hausse pour 46% des entreprises. Le Ransomware conserve sa position d’attaque la plus fréquente. 80% des entreprises ont subi des demandes de rançon, dont la volumétrie croit à nouveau de +19 points par rapport à l’année passée, loin devant le déni de service qui a touché 40 % des entreprises et se trouve au deuxième rang du classement, suivi par les attaques virales générales. Au regard, de cette évolution il est important de bien organiser des fonctions de cyber-sécurité, notamment au niveau de la surveillance (SOC) et de la capacité à répondre rapidement lors de tentatives d’attaques de nos systèmes d’information.

  • Comment une PME peut vous accompagner dans ce domaine ?

Olivier Ligneul : Il existe des domaines moins couverts par les fournisseurs traditionnels dans le domaine de la cyber-sécurité. Des acteurs plus spécialisés peuvent se positionner, notamment au niveau des PME innovantes. Je pense notamment aux systèmes d’informations plus opérationnels, ou encore à la gestion de certaines fonctionnalités autour des systèmes d’information industriels.

  • Quelles opportunités représentent les grands groupes pour une PME de la cybersécurité ?

Thierry Rouquet : Sentryo est une jeune entreprise de technologie qui propose une plateforme logiciel de cyber sécurité pour l’Internet industriel. C’est un domaine dans lequel, si la prise de conscience des industriels – et des gros en particulier – est récente, l’actualité a montré qu’il est stratégique.

Pour financer son développement,  international en particulier , la société doit convaincre des investisseurs. Le rôle des grands groupes industriels français est à cet égard considérable. En effet tout engagement (contrat) même de taille modeste (quelques dizaine de millier d’euros) avec un grand groupe permettra de convaincre les investisseurs en capital de « risquer » des montants de plusieurs million d’euros sur une équipe et une technologie dont ils estiment le potentiel mais qui requiert, selon eux, une validation du marché. C’est cette validation que les grands groupes français peuvent donner sois la forme des premiers contrats.

Il s’agit donc de créer un cercle vertueux au début duquel un grand groupe qui juge de l’intérêt stratégique et de la pertinence d’une solution accepte d’accélérer son processus de décision et d’assouplir ses règles prudentielles pour passer une commande significative à la start-up. Cet engagement permet à la start-up de finir de convaincre des investisseurs en capital risque qui investissent alors plusieurs M€ . La start-up utilise ces moyens pour investir dans sa technologie et se développer rapidement pour devenir un leader mondial.

Le grand groupe peut alors s’engager de manière beaucoup plus importante avec une entreprise qui atteint la taille critique et qui lui offre une solution très compétitive.

  • Comment est aujourd’hui répartie votre activité entre la France et l’International ? Et demain ?

Thierry Rouquet : Notre activité est aujourd’hui répartie à part égale entre la France et l’International avec un gros focus sur l’Allemagne. Notre marché est mondial et nos concurrents (Américains et Israéliens) poursuivent également des stratégies mondiales avec des moyens financiers très importants.

Nous préparons une seconde levée de fond pour accélérer notre développement international en Allemagne et aux Etats-Unis

  •  Quelle utilité avez-vous trouvé à participer à cette rencontre business « Nouveaux marchés » organisée par le Comité Richelieu ?

Olivier Ligneul : C’était une rencontre riche au niveau des échanges qui a permis d’interagir lors de présentations avec un tissu d’acteurs que nous rencontrons moins souvent faute de visibilité. J’ai également apprécié la qualité du networking qui a permis d’enclencher des échanges qui permettront d’identifier de nouvelles pistes en matière d’innovation.

Thierry Rouquet : L’occasion de partager mon expérience et d’expliquer les mécanismes économiques évoqués ci avant qui sont les conditions de succès des meilleures start-up. Ils sont, je pense, méconnus par les grands groupes qui sont souvent prompts à déplorer le manque de solutions technologiques de classe mondiale d’origine française alors même qu’ils pourraient contribuer à les faire émerger.

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